Arnaud Montebourg

« Un revenu universel de 785 euros par personne, cela coûterait 588 milliards »

 

Pour critiquer le revenu universel promis par Benoît Hamon, son adversaire de la primaire de la gauche, Arnaud Montebourg a expliqué que « 785 euros par mois, par personne, à tout le monde, cela coûterait 588 milliards ». Il existe en réalité plusieurs estimations : celle de 588 milliards d’euros est juste mais se situe dans la fourchette la plus haute.

LE CONTEXTE

Le revenu universel, symbole des divisions à gauche. Arnaud Montebourg s’est insurgé une nouvelle fois contre cette mesure promise par son adversaire Benoît Hamon. Il estime le revenu universel impossible à mettre en place car trop coûteux. Invité sur I-Télé le 5 janvier, le candidat à la primaire de la gauche a ainsi expliqué qu’attribuer « 785 euros par personne, à tout le monde, cela coûterait 588 milliards. C’est la création d’un deuxième budget de l’État français actuel ». Une estimation qui s’appuie sur un chiffre juste, choisi avec soin.

L’EXPLICATION

Alors combien coûterait le revenu universel à l’État français ? Arnaud Montebourg se base sur un rapport de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publié en décembre 2016. Il est écrit dans ce document que « pour ne pas dégrader la situation des actuels bénéficiaires de minima sociaux, le revenu universel devrait être au minimum de 785 euros par mois par adulte, de 1 100 euros pour les plus de 65 ans et les handicapés, et les moins de 18 ans devraient recevoir 315 euros ». Bilan d’une telle mesure : 588 milliards d’euros, le chiffre que reprend Arnaud Montebourg.

L’OFCE précise que « compte tenu des économies de prestations réalisables », le revenu universel représenterait en réalité des « dépenses supplémentaires de l’ordre de 480 milliards ». Une mise en place « irréaliste en pratique », expliquent les auteurs du rapport. « S’il règle le problème du non-recours (aux minimas sociaux, NDLR) et réduit la pauvreté monétaire, (…) le revenu de base a un coût financier important. (…) Vu ce coût, la crédibilité de sa mise en place est faible. »

Mais les estimations divergent. En mai dernier, le sénateur écologiste Jean Desessard avait ainsi fait une proposition de résolution pour l’instauration d’un revenu de base, rejetée à 200 voix contre 11. Il y estimait le coût de la mise en place du revenu de base à 400 milliards d’euros, si chacun recevait 525 euros.

Le think tank Institut Montaigne, plutôt libéral, estime de son côté que le coût du revenu universel serait de 349 milliards d’euros. Pour faire ses calculs, il se base sur la proposition de Benoît Hamon. « En retenant l’hypothèse d’un revenu mensuel de 750 euros versé à l’ensemble de la population de 18 ans ou plus (conformément au principe d’universalité le plus strict), l’instauration du revenu universel aurait un coût annuel net compris entre 305 milliards d’euros et 424 milliards d’euros à terme. Le coût médian serait de 349 milliards d’euros », indique le rapport. L’Institut Montaigne formule plusieurs estimations selon que certaines aides seraient supprimées ou non.

En assurant que la mise en place d’un revenu universel « coûterait 588 milliards » d’euros, Arnaud Montebourg dit vrai mais reprend l’estimation la plus haute, celle formulée par l’OFCE. Cette dernière se base sur un revenu par personne de 785 euros, alors que Benoît Hamon prévoit de le fixer à 750 euros. Pour critiquer cette mesure, Arnaud Montebourg n’a pas choisi son chiffre au hasard.

Camille Charpentier