FRANÇOIS FILLON

« 70% des gens qui viennent demander l’asile n’y ont pas droit et sont déboutés »

 

Lors de son passage dans l’émission « Bourdin Direct », de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, le 11 janvier dernier, François Fillon, candidat Les Républicains à l’élection présidentielle, a indiqué vouloir réformer la procédure de demande d’asile. Une proposition qu’il justifie par un chiffre : « 70 % des gens qui viennent demander l’asile n’y ont pas droit et sont déboutés. » D’après les rapports de l’Ofpra, ce pourcentage annoncé par François Fillon est exact.

 

LE CONTEXTE

François Fillon était l’invité de Jean-Jacques Bourdin, le 11 janvier dernier, dans l’émission « Bourdin Direct » sur RMC. Lors de cette interview, le journaliste récapitule les propositions du candidat Les Républicains (LR) à l’élection présidentielle concernant l’immigration et notamment ce qui concerne les demandes d’asile. L’ex-ministre souhaite :

  • la mise en place d’un traitement immédiat des demandes d’asile ;
  • une obligation de déposer les requêtes dans les 15 jours qui suivent l’entrée sur le territoire ;
  • une durée d’examen de 120 jours maximum ;
  • la mise en place de centres d’hébergement dédiés et gérés par l’Etat ou des associations.

Suite à l’énumération de son programme, François Fillon ajoute :  « Il y a beaucoup de gens qui viennent en France demander l’asile. Il y a une tradition de l’asile dans notre pays, qui est aussi vieille que notre histoire. Il ne s’agit pas de revenir dessus. 70 % des gens qui viennent demander l’asile n’y ont pas droit et sont déboutés. » Si le candidat LR ne remet pas en cause le droit d’asile en France, il souhaite en revanche réformer sa procédure.

 

L’EXPLICATION

 

Selon François Fillon, 70 % des demandeurs d’asile – réfugiés dont la demande, relative à l’obtention de documents d’état civil, est en cours d’examen – en France sont déboutés. D’après les études et rapports publiés par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), 80 075 demandes d’asile ont été enregistrées en France en 2015. Parmi elles, 26 700 personnes ont été protégées par l’Ofpra ou par la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), ce qui correspond à 31,5 % des demandes totales. Ainsi, les 68,5 % restants sont déboutés.

Le nombre de demandes sur le territoire français ainsi que celui des personnes protégées ont tous deux augmenté par rapport à l’année précédente. En effet, en 2014, 64 811 personnes ont demandé l’asile politique dans l’Hexagone et 21 000 d’entre elles ont obtenu une protection (soit 28 %), que ce soit le droit d’asile ou une protection subsidiaire. Ce dernier cas concerne les personnes ne pouvant recevoir le droit d’asile mais qui sont, toutefois, reconnues comme des personnes ayant besoin d’une protection, justifiée par des conflits dans leur pays ou d’une peine leur étant infligée.

Il est important de ne pas confondre un réfugié et un migrant. Quand le premier est une personne qui fuit le pays dont il a la nationalité en raison d’un conflit armé ou d’une persécution – en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité – le second, lui, décide de quitter son pays afin d’améliorer ses conditions de vie.

 

La France en sixième position des pays les plus demandés dans l’Union Européenne

 

L’Ofpra a dressé un profil type des demandeurs d’asile : ce sont majoritairement des hommes (33,5 % de femmes, en légère baisse par rapport à 2014), le plus souvent célibataires et âgés en moyenne de 33 ans. Si, en 2014, les demandes émanaient surtout de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Chine, avec respectivement 3 782 et 2 497 demandes, elles ont été remplacées, en 2015, par le Soudan avec 5 091 demandes et la Syrie avec 3 403 demandes.

Les demandes d’asile sont en hausse dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. Un constat qui s’explique notamment par le conflit syrien et l’arrivée massive de la population syrienne en Europe.

La France n’est pas le pays européen à connaître la plus forte augmentation des demandes d’asile entre 2014 et 2015. En effet, selon Eurostat, pour les premières demandes, l’Hexagone, a enregistré 11 725 demandeurs d’asile supplémentaires (+20 %), se situant ainsi loin derrière l’Allemagne qui a comptabilisé une hausse de 268 855 demandes entre 2014 et 2015, soit une une augmentation de 155 %. La Hongrie a elle aussi dû faire face à une augmentation de ces demandes avec 133 220 demandes d’asile en plus soit +323 %. Enfin, la Finlande a connu une hausse spectaculaire avec +822 %. Un chiffre qu’il faut toutefois relativiser puisque le pays, qui a enregistré 28 660 demandes supplémentaires, n’en avait fait état que de 3 490 en 2014.

D’ailleurs, la France n’arrive qu’en 6e position dans le classement des pays de l’Union européenne les plus demandés par les réfugiés. Avec 5,6 %, elle se situe notamment derrière l’Allemagne (35,2 %), la Hongrie (13,9 %) et la Suède (12,4 %). Si les demandes d’asile dans l’Hexagone sont peu nombreuses par rapport à d’autres pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, le pourcentage d’obtention des protections est, lui aussi, assez faible, et comme l’a affirmé François Fillon, 70 % des demandeurs d’asile sont déboutés.

Apolline Merle