MARINE LE PEN

« Les moyens de police ont été réduits ces dernières années par le gouvernement Fillon notamment »

En meeting à Nantes dimanche 26 février 2017, Marine Le Pen a pointé du doigt l’action de François Fillon en tant qu’ancien Premier ministre. La candidate frontiste a ainsi évoqué une réduction des moyens de la police nationale ces dernières années. Cette affirmation est imprécise au regard de l’évolution du nombre de policiers depuis cinq ans, ainsi que des dépenses de l’État en faveur de la police nationale.

 

LE CONTEXTE

Lors d’un meeting face à 4 000 personnes, à Nantes, dimanche 26 février, Marine Le Pen a défini la sécurité comme le « premier devoir de l’État envers ses citoyens ». Elle a ainsi souligné sa volonté de renforcer la sécurité nationale pour tous les Français. « La sécurité passe par le maintien de l’ordre, et le retour de la sécurité, de la tranquillité pour tous. Les moyens de police qui ont été réduits ces dernières années par le gouvernement Fillon notamment, doivent retrouver un niveau adapté aux besoins », a affirmé la candidate du Front national. Elle a également annoncé la création de 15 000 postes de policiers et gendarmes, si elle est élue présidente de la République.

 

L’EXPLICATION

En décrivant un climat d’insécurité lors de son meeting à Nantes, Marine Le Pen a affirmé sa volonté d’augmenter les moyens pour assurer la sécurité intérieure. Elle a également saisi l’occasion pour critiquer l’action de François Fillon lorsqu’il était premier ministre. La candidate du FN a ainsi fait référence au quinquennat de Nicolas Sarkozy durant lequel 12 500 emplois de policiers et gendarmes ont été supprimés, selon un rapport du ministère de l’Intérieur publié en février.

Une situation qui s’explique par le non-remplacement d’un fonctionnaire parti en retraite sur deux. Cette mesure a été mise en place en 2007, lorsque François Fillon était Premier ministre.

Près de 9 000 postes supplémentaires depuis 2013

Toutefois, lorsque Marine Le Pen affirme que les moyens des policiers ont été réduits ces dernières années, elle ne mentionne pas l’augmentation des effectifs sous la présidence Hollande. En effet, au début de son quinquennat,  François Hollande s’était engagé à créer 1 000 postes chaque année pour la police, la justice et la gendarmerie, une promesse qui s’est concrétisée au fil des ans.

À la suite des attentats de novembre 2015, le président socialiste annonçait vouloir créer 5 000 postes supplémentaires au sein des forces de l’ordre. Selon un rapport publié début février par l’Inspection générale de l’administration (IGA) et l’Inspection générale des finances (IGF), quelque 8 837 emplois ont été créés entre 2013 et 2017 dans la police et la gendarmerie.

En termes d’effectifs, donc, il semble que les moyens de la police soit finalement en progression au cours des dernières années.

Mais malgré la création de nouveaux postes au sein de la police nationale, les moyens attribués au fonctionnement des forces de l’ordre semblent parfois, comme le dit Marine Le Pen, insuffisants.
En 2015, un rapport du Sénat faisait le constat suivant : la police nationale et la gendarmerie ne disposent pas de moyens en fonctionnement et en investissement suffisants pour assurer leurs missions.

Le rapport du Sénat prenait ainsi en exemple le vieillissement du parc automobile des forces de l’ordre. « Le maintien du parc automobile en l’état nécessiterait l’achat de plus de 6 600 véhicules par an sur la période 2015-2017. Pourtant, le montant alloué à l’achat de véhicules dans chacun des deux programmes est de seulement 40 millions d’euros, ce qui ne permettra d’acquérir que 4 000 véhicules en 2016. »

Si Marine Le Pen a donc bien raison en évoquant une réduction de moyens humains au sein de la police pendant le gouvernement Fillon, elle n’a pas mentionné l’augmentation du nombre de postes au sein des forces de l’ordre au cours des cinq dernières années. Par ailleurs, même si des moyens supplémentaires sont nécessaires en matière de fonctionnement, le budget accordé aux policiers est déjà en augmentation constante au cours de la dernière décennie, notamment pour répondre aux nécessités de l’état d’urgence.


Ralitsa Dimitrova