A la fin des années 70, il y avait plus de 5 000 expulsés par an. On est tombé à moins de 300 par an

11 Déc 2020

 

MARINE LE PEN

« A la fin des années 70, il y avait plus de 5 000 expulsés par an. On est tombé à moins de 300 par an. »

Sur le plateau de BFMTV, le 15 novembre 2020, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National, a expliqué que le nombre d’étrangers expulsés pour troubles graves à l’ordre public était en baisse. Elle a affirmé qu’ils étaient 5 000 expulsés par an à la fin des années 1970, avant de chuter à moins de 300 par an. En réalité, ces chiffres non sourcés sont invérifiables.

LE CONTEXTE

Lors de son intervention du 15 novembre 2020 sur BFMTV, Marine Le Pen a réagi à l’entretien du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans le Parisien, le 14 novembre 2020. Gérald Darmanin y affirmait que le cas des étrangers radicalisés était suivi de près avec des expulsions dès que possible. Une affirmation critiquée par Marine Le Pen : « Les étrangers en situation légale islamiste […] doivent faire l’objet d’une expulsion pour troubles graves à l’ordre public. Très peu a été fait dans ce domaine […] A la fin des années 70, il y avait plus de 5 000 expulsés par an. On est tombé à moins de 300 par an. »

L’EXPLICATION

Comme Marine Le Pen le précise sur le plateau de BFMTV, elle reprend ici une citation de Patrick Stefanini dans une tribune du Figaro, « Le fruit amer du désarmement de l’État », parue le 19 octobre 2020. Ce membre du Conseil d’État et ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration a récemment publié Immigration – ces réalités qu’on nous cache, un livre où il raconte les dessous des politiques migratoires menées par les gouvernements français. 

A l’occasion de sa publication, il écrit dans Le Figaro : « Le nombre des expulsions d’étrangers pour menace à l’ordre public qui était de 5 330 en 1977 n’est plus que de 1 465 en 1981. Il remonte à 1 746 en 1987 avant de s’effondrer à 383 en 1990. » 

Patrick Stefanini s’appuie ici sur les statistiques du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), une association qui milite en faveur de l’égalité d’accès aux droits et à la citoyenneté. Ces chiffres sont issus d’un article du GISTI qui date de 1991.

Capture d’écran de l’article du GISTI, « Expulsions, moins c’est encore trop ! », novembre 1991.

L’article expose bien les chiffres cités par Patrick Stefanini. Contacté par FactoScope, le GISTI se révèle incapable de sourcer ces données trop anciennes et dont le journaliste auteur de l’article n’a pas cité les sources. Les chiffres utilisés par Patrick Stefanini et Marine Le Pen ne s’appuient sur aucune source fiable. 

Les propos de Marine Le Pen sont donc faux.

Rachel Herman

Les sources à consulter

  • Lefigaro.fr: Patrick Stefanini « Le fruit amer du désarmement de l’Etat »
  • Gisti.org : « Expulsions: moins, c’est encore trop ! »