Ce que le président de la République a décrit, ce sont les mesures les plus restrictives aujourd’hui en vigueur en Europe

21 Mar 2020

 

CHRISTOPHE CASTANER

« Ce que le président de la République a décrit, ce sont les mesures les plus restrictives aujourd’hui en vigueur en Europe »

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déclaré, après l’allocution d’Emmanuel Macron, le lundi 16 mars 2020, que le président de la République avait annoncé les mesures les plus restrictives aujourd’hui en vigueur en Europe. La France a pris des mesures certes dures par rapport à certains de ses pays voisins, mais l’affirmation de Christophe Castaner est fausse, au regard des restrictions prises par l’Espagne et l’Italie notamment.

LE CONTEXTE

Alors qu’il s’adressait aux français, Christophe Castaner a énoncé les dispositions prises par le Gouvernement après l’appel au confinement du président de la République, un peu plus tôt, ce lundi 16 mars 2020. Lors de ce discours pour freiner la propagation du Coronavirus en France, ainsi que le mardi 17 mars 2020, lors d’une autre intervention, Christophe Castaner a parlé à plusieurs reprises des mesures françaises comme étant « les plus restrictives d’Europe ».

L’EXPLICATION

Pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Coronavirus, la France a adopté un dispositif de confinement. L’Italie et l’Espagne, fortement touchées, l’avaient fait avant elle. En effet l’Italie a atteint 3 450 décès, jeudi 19 mars 2020. Plus que la Chine, foyer de l’épidémie, qui compte 3245 morts. L’Espagne quant à elle, en déplore 767. 

En France, on dénombre 372 décès et 10 995 cas avérés à la même date. Afin de limiter le nombre de victimes, le président de la République Emmanuel Macron puis Christophe Castaner ont énoncé des consignes fermes. 

Depuis le lundi 16 mars, tous les Français doivent ainsi être munis d’une attestation sur l’honneur dérogatoire pour sortir de chez eux. Le document est téléchargeable sur le site du Gouvernement ou peut être écrite à la main en respectant le modèle en vigueur. Les déplacements doivent répondre à un de ces critères : courses alimentaires, déplacement professionnel quand le télétravail est impossible, pour raison de santé, en cas de « motif familial impérieux », pour faire du sport individuel ou promener son animal de compagnie. Tout déplacement sans attestation ou pour un autre motif que ceux énoncés dans ladite attestation est sanctionné d’une amende, passée de 38 euros dans un premier temps, à 135 euros, depuis le mercredi 18 mars 2020. Certains français récidivistes ont cependant été placés en garde à vue après au moins deux ou trois verbalisations, pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Quatre personnes ont été arrêtées jeudi 19 mars 2020 pour ce motif en Seine-Saint-Denis, ainsi qu’au moins une autre personne à Béthune (Pas-de-Calais). L’infraction est passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende.

C’est moins qu’en Italie, où la désobéissance est punie d’une amende qui peut monter jusqu’à 206 euros et de 3 mois de prison. Les Espagnols risquent quant à eux de payer jusqu’à 600 euros. En cas de « non-respect répété des instructions », un montant de 600 000 euros pourrait leur être demandé, accompagné d’un an de prison. Le gouvernement espagnol a de plus interdit toute activité en plein air, y compris le sport individuel ou la promenade des animaux de compagnie, encore autorisés en France et en Italie. 

Ailleurs en Europe, les mesures se durcissent également. Boris Johnson a ainsi annoncé en conférence de presse mercredi 18 mars 2020, la fermeture des écoles au Royaume-Uni. Cette mesure s’applique à partir du vendredi 20 mars 2020, même si le confinement n’est toujours pas obligatoire. Toutefois, au regard d’autres pays européens, les propos de Christophe Castaner s’avèrent faux. 

Maïlis Rey-Bethbeder.

 

Les sources à consulter