La récession (actuelle) est presque trois fois supérieure à celle de 2009

8 Mai 2020

 

ERIC WOERTH

« La récession (actuelle) est presque trois fois supérieure à celle de 2009 »

Eric Woerth, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale et député de la 4ème circonscription de l’Oise, s’est exprimé le samedi 18 avril 2020 sur Europe 1 sur les conséquences économiques du coronavirus. L’effondrement actuel du PIB montre que la récession en 2020 devrait être près de trois fois supérieure à celle de 2009. Selon le ministère de l’Economie, ses propos sont vrais. 

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LE CONTEXTE

Invité de l’interview politique du week end, le samedi 18 avril 2020 sur Europe 1, Eric Woerth, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale et député Les Républicains répondait aux questions du journaliste Bernard Poirette après le vote du nouveau budget de crise par les parlementaires du Palais Bourbon. Le gouvernement a en effet présenté en Conseil des ministres le 15 avril 2020 un programme de stabilité et un deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2020. À propos des conséquences économiques liées au coronavirus, Eric Woerth affirme que la récession est presque trois fois supérieure à celle de 2009.

L’EXPLICATION

Pour l’INSEE, un pays entre en récession quand son PIB se replie pendant au moins deux trimestres consécutifs. Les années 2009 et 2020 ont connu une baisse historique du PIB. La baisse de 2009 était due à la crise des subprimes, celle de 2020 est due à une crise sanitaire. Dans sa note de conjoncture du 9 avril 2020, l’INSEE a établi une comparaison entre les deux périodes. En 2009, le PIB annuel s’était contracté de -2.9%, soit la pire année de récession depuis 1945.On assiste à un choc dont l’ampleur est bien plus importante en 2020. Un choc évalué a minima à –12 % sur le PIB trimestriel et à –8 % sur le PIB annuel et très au-dessus des chocs d’environ –1,5 % sur le quatrième trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009. 

Selon une note de conjoncture de l’INSEE en décembre 2019, les hypothèses économiques retenues pour l’année 2020 était de +1.3% de croissance du PIB. À cause de la crise sanitaire liée au Covid-19, selon le Haut Conseil des Finances Publiques, la chute de la croissance pourrait dépasser les -8% du PIB en France. Pour un mois complet de confinement, la perte d’activité économique équivaut comptablement à une perte d’environ 3 points de croissance du PIB annuel. Eric Woerth, contacté par FactoScope, s’appuie sur ce scénario. Il a été pris en compte lors du vote du deuxième projet de loi de finances rectificative pour 2020. Cette prévision de croissance tient compte de la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai annoncée par le président de la République comme indiqué sur le site du ministère de l’Économie. Les prévisions de Rexecode, un institut privé des études économiques concernant le PIB pour 2020 (-8.5%), sont plus pessimistes que la projection gouvernementale. Dans un essai de perspectives macroéconomiques pour la France à l’épreuve du confinement, cet institut privé estime que si le PIB devrait se contracter de 8.5% en 2020, il pourrait rebondir de 6.5% en 2021, ce qui laisserait le niveau du PIB l’an prochain 5 points en dessous de ce qu’il aurait atteint en l’absence de pandémie. Pour lutter contre la plus grande récession en France depuis 1945, le ministère de l’Économie a doublé son plan d’urgence. Mis en place dès le 22 mars à hauteur de 45 milliards d’euros pour soutenir l’économie et l’emploi, il est étendu et renforcé, pour atteindre plus de 110 milliards d’euros.

D’autres indicateurs montrent que le choc associé à la pandémie et aux mesures de confinement pèse déjà lourdement sur l’activité. L’INSEE sortira l’indice de production industrielle du mois de mars, le 7 mai 2020. Le point de conjoncture de l’INSEE du 26 mars 2020, estime que la perte d’activité économique liée à la crise sanitaire en cours est de 35% inférieure à la situation “normale”. Selon un bulletin de l’Acoss (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale), les déclarations d’embauche de plus d’un mois enregistrent en mars 2020 une baisse mensuelle historique de 22%. Selon ces chiffres, et surtout au regard de la chute vertigineuse du PIB, la récession est effectivement trois fois supérieure à celle de 2009. Les propos d’Eric Woerth sont donc vrais. 

Emmanuelle Lescaudron