Le « quoi qu’il en coûte » a coûté […] 86 milliards d’euros pour 2020

8 Déc 2020

 

ERIC WOERTH

« Le « quoi qu’il en coûte » a coûté […] 86 milliards d’euros pour 2020 »

Eric Woerth, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale et député de la 4ème circonscription de l’Oise a déclaré, dimanche 15 novembre 2020, que le coût des aides mises en place par le gouvernement pour répondre aux conséquences économiques de la crise sanitaire de la Covid-19 serait de 86 milliards et non 460 milliards comme l’a indiqué le président de la République. Selon des rapports parlementaires des commissions des finances relatifs aux textes budgétaires, les propos d’Eric Woerth sont vrais.

LE CONTEXTE

Eric Woerth était l’invité de l’émission « Questions politiques », le dimanche 15 novembre 2020 sur France Inter. Le député Les Républicains répondait à la question du journaliste Ali Baddou sur le coût du « quoi qu’il en coûte », selon l’expression utilisée par Emmanuel Macron lors de son allocution présidentielle du 12 mars 2020 . Expression qui désigne tous les moyens financiers qui doivent être mis en place pour combattre les conséquences de la crise sanitaire. Le président de la République avait ainsi annoncé 460 milliards lors du troisième budget rectificatif (de la loi de finances du 30 juillet 2020). Interrogé sur les conséquences économiques de la crise sanitaire, Eric Woerth a expliqué que le « quoi qu’il en coûte (…) a coûté en direct, en argent, sonnant et trébuchant, 86 milliards d’euros pour 2020, alors on est loin des 460 qu’indique le président de la République ».

L’EXPLICATION

Le cabinet d’Eric Woerth, contacté par Factoscope, a expliqué que le député s’appuie notamment sur le rapport parlementaire de la commission des finances relatif aux textes budgétaires du Sénat. Selon le projet de loi de finances du 28 septembre 2020, ces 86 milliards sont surtout consacrés aux crédits budgétaires (64 milliards). Les autres sommes engagées concernent les mesures fiscales (20 milliards) et les crédits évaluatifs, c’est-à-dire, les garanties (2 milliards d’euros).

Qu’en est-il des 460 milliards d’euros annoncés par le président de la République lors de son allocution du 14 juin 2020 ? « Quoiqu’il en coûte » : tel était l’engagement que j’avais pris devant vous dès le mois de mars […]. « Au total, nous avons mobilisé près de 500 milliards d’euros. », souligne Emmanuel Macron.  En réalité, dans ces 460 milliards d’euros, la majeure partie est une enveloppe de crédits qui sont susceptibles d’être engagés pour faire face à la crise du coronavirus.

Parmi les mesures gouvernementales, la France prévoit ainsi une garantie de l’État de 300 milliards d’euros pour tous les prêts qui seront contractés par les entreprises entre le 16 mars et le 31 décembre 2020. Le jeudi 29 octobre 2020, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire a annoncé la prolongation des prêts garantis par l’État (PGE) jusqu’au 30 juin 2021. Par ailleurs, 76,5 milliards d’euros de report de cotisations ou d’impôts sont également prévus mais ils ne joueront pas non plus réellement sur le déficit de l’année. 

Le gouvernement a ainsi prévu 460 milliards d’euros lors de son projet rectificatif de loi de finances  mais la majeure partie de cette somme représente les prêts garantis par l’État. La somme réellement engagée actuellement, est celle annoncée par Eric Woerth : 86 milliards d’euros. Les propos d’Eric Woerth sont donc vrais.    

Lydia Reynaud

Les sources à consulter

  • Economie.gouv.fr : « Projet de loi de finances 2021 »
  • Sénat.fr : « Projet de loi de finances rectificative pour 2020 »
  • Vie publique.fr : « Déclaration du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno le Maire sur le troisième projet de loi de finances rectificative, à Paris, le 10 juin 2020 »
  • Service-Public.fr : « Définition d’un prêt garanti par l’Etat »
  • Economie.gouv.fr : « Mesures d’urgences économiques »