Le rassemblement national n’est pas pour l’augmentation du smic

1 Fév 2019

 

MANON AUBRY

« Le Rassemblement national n’est pas pour l’augmentation du Smic »

Manon Aubry a affirmé que la parti de Marine Le Pen ne serait pas pour une augmentation du salaire minimum. Effectivement, dans son programme officiel lors de la campagne de 2017, le Front national ne souhaitait pas augmenter le Smic. Une décision qui s’inscrit dans l’historique du parti.

LE CONTEXTE

La France insoumise et le Rassemblement national tentent de trouver des liens entre leurs programmes et les revendications des Gilets jaunes. Accusation récurrente de la part de la France insoumise, le Rassemblement national de Marine Le Pen serait contre l’augmentation du Smic, ce qui constitue pourtant l’un des axes majeurs de la mobilisation des Gilets jaunes. Vendredi 18 janvier 2019, Manon Aubry, tête de liste de la FI aux élections européennes, était l’invité des Grandes Gueules de RMC, elle a affirmé que «  le Rassemblement national est contre l’augmentation du Smic ».

L’EXPLICATION

Concernant les bas salaires, les positions du Front national puis du Rassemblement national ont énormément changé avec malgré tout une constance, aucune augmentation directe du salaire minimum. Le 18 décembre 2019 sur RTL, elle affirme qu’une augmentation de ce revenu pèserait de manière trop importante sur les petites et moyennes entreprises. Pour compenser, elle propose une «  prime de pouvoir d’achat de 80 euros, par la prise en charge de certaines cotisations sociales ». La députée frontiste précise « comme c’était indiqué dans mon programme de 2017 ». Si son programme officiel ne parle pas de 80 euros, il y est bien question d’une prime pour les revenus inférieurs à 1500 euros, financée à partir d’une contribution sociale sur les importations. ( engagement 59).

Même dans un tract publié lors de l’entre deux tours de l’élection présidentielle, pour tenter de ralier les électeurs insoumis. Si le document prend certaines libertés vis-à-vis du programme de Marine Le Pen, le thème du Smic n’est pas abordé. Alors que Jean-Luc Mélenchon souhaitait une augmentation de 200 euros.

Le tract a été largement relayé sur les réseaux sociaux

L’objectif du Front national était de rallier les les sympathisants de la France insoumise.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi le Front national a changé plusieurs fois de position au sujet du salaire minimum. En 2016, dans un communiqué, le Front national reprochait au gouvernement de ne pas donner de « coup de pouce, raisonnable bien-sûr » au Smic. Avant d’expliquer que selon le parti, la seule revalorisation salariale possible passera par la baisse des cotisations sociales « Pour ne pas pénaliser les TPE/PME ».

Un parti historiquement libéral

Historiquement, lors de la création du Front national en 1972, le parti se veut libérale. Jean-Marie Le Pen parle dans son programme de « droite qui dit son nom » et souhaite abolir les 35 heures, retarder l’âge légal du départ à la retraite et plus général, ne veut pas d’intervention de l’Etat dans le domaine économique. Cette vision de l’Etat cantonné à ses fonctions régaliennes sera abandonnée lors du tournant social du parti pris à l’arrivée de Marine Le Pen. En 2012, face à l’augmentation du RSA. Elle demande dans un communiqué que le Smic égale augmente pour que « le travail paye ». Dans ce nouvel engagement, elle affirme sa volonté mettre en place une contribution sociale à l’importation, qui me permettra de faire prendre en charge par l’Etat 200 euros de cotisations sur tous les salaires jusqu’à 1,4 fois le Smic. Elle l’assurait « cela va faire augmenter les bas salaires de 200 euros ». Si l’idée n’était pas dans son programme pour l’élection présidentielle de 2012. Cependant, cette idée était signalée dans le programme de son père, lors de l’élection de 2007. Cette idée sera donc précisée en 2017, avec la création de la Contribution sociale sur les importations, censée financer cette prise en charge par l’Etat de certaines charges sociales.

Le choix peut paraitre surprenant de la part de Marine Le Pen. Mais son électorat ne se situe pas uniquement chez les ouvriers et les classes populaires. Marine Le Pen bénéficie également d‘une partie des soutiens des dirigeants de petites entreprises. Selon une enquête IFOP réalisé en avril 2017, à la question « Quel est selon vous le candidat qui s’intéresse le plus à vos préoccupations de dirigeants d’une petite entreprise ? » La candidate frontiste arrive en troisième position, derrière Emmanuel Macron et François Fillon. Même si 45% des sondés ont répondu « Aucun ». Les positions protectionnistes de la candidate plaisent à ces dirigeants, inquiet de la concurrence internationale. Selon l’édition de 2015 de cette enquête, « 49% des patrons de TPE estiment que le Front national est  »le plus proche des préoccupations des Français d’aujourd’hui » ».

Manon Aubry a donc juste quand elle affirme que le Rassemblement national est historiquement contre l’augmentation du salaire minimum. Marine Le Pen se doit de ménager son électorat, constitué notamment de dirigeants de petites entreprises, très sensibles à une potentielle augmentation du Smic.

Lucas Beulin

Les sources à consulter