On ne peut pas dire qu’il y ait une explosion [de l’épidémie à l’école]

9 Déc 2021

 

JEAN-MICHEL BLANQUER

« On ne peut pas dire qu’il y ait une explosion [de l’épidémie à l’école] »

À l’approche des fêtes de fin d’année, Jean-Michel Blanquer s’est voulu rassurant au sujet des contaminations au Covid-19 chez les enfants. Mardi 7 décembre 2O21, au micro de RTL, le ministre de l’Éducation nationale a déclaré : « On ne peut pas dire qu’il y ait une explosion. Le mot est trop fort. Il y a un taux d’incidence qui est en train d’augmenter. » Le ministre a avancé une explication : « C’est tout simplement parce qu’on fait beaucoup plus de tests chez les enfants. (…) Ce qui a explosé, c’est le nombre de tests faits pour les enfants. »

Pour vérifier ces propos, la cellule « Vrai ou Fake » de France Info s’est appuyée sur les chiffres de Santé publique France (SPF). L’établissement a constaté une flambée épidémique chez les plus jeunes en décembre : une hausse de 1 019 % de cas positifs. Selon Santé publique France, le nombre de tests pratiqués chez les jeunes était, lui aussi, en forte augmentation (+ 1 703 % en un mois) en décembre, comme l’affirmait Jean-Michel Blanquer. La cellule « Vrai ou Fake » explique qu’il faut observer également le taux de positivité (c’est-à-dire le nombre de personnes testées positives par rapport au nombre de personnes testées). Depuis la mi-novembre, ce taux s’est stabilisé, alors même que les enfants étaient de plus en plus testés. Pour analyser les données de SPF, les journalistes ont interrogé l’immunologue Frédéric Altare, directeur de recherche à l’Inserm à Nantes. Celui-ci a souligné « une contradiction » dans l’argumentaire de Jean-Michel Blanquer. « On trouve peut-être beaucoup de cas à l’école, parce qu’on les détecte davantage maintenant. Mais cela ne veut pas dire que cela ne flambe pas dans les écoles. Cela veut dire qu’il était temps de les diagnostiquer. » Un quatrième indicateur, le taux de reproduction (autrement dit le nombre de personnes infectées en moyenne par une personne contaminée) est à prendre en compte. Cet indicateur a été calculé dans une modélisation coordonnée par l’épidémiologiste Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm, et prépubliée jeudi 9 décembre 2021. Avec le variant Delta, le taux de reproduction était estimé le 9 décembre à 1,66 en élémentaire, contre 1,4 dans la population générale. Il était en revanche évalué à 1,10 dans le secondaire. Un écart attribué à la vaccination, celle-ci n’étant pas encore ouverte à tous les enfants de moins de 11 ans, alors que 76,2% des 12-17 ans sont complètement vaccinés, selon SPF. Il y a donc bien une flambée de l’épidémie chez les enfants à l’école depuis le début du mois de décembre.

Les propos de Jean-Michel Blanquer sont donc faux.

Pour lire l’article de « Vrai ou Fake » de France Info dans son intégralité, le lien ici :