On peut chiffrer pour la baisse d’accidents de voitures à 1,5 milliards d’euros d’économie [pour les assureurs]

5 Déc 2020

 

FRANÇOIS RUFFIN 

« On peut chiffrer pour la baisse d’accidents de voitures à 1,5 milliards d’euros d’économie [pour les assureurs] »

Le 20 novembre 2020, François Ruffin, député de la France Insoumise de la Somme, déclarait que la baisse du nombre d’accidents de la route pendant le premier confinement avait permis aux assureurs d’économiser 1,5 milliards d’euros. Un chiffre que corrobore une enquête de l’UFC Que choisir publiée en avril 2020.

LE CONTEXTE

Le 20 novembre 2020, François Ruffin était l’invité de Bruce Toussaint sur BFMTV. D’abord interrogé sur Amazon et le Black Friday, le député France Insoumise de la Somme, en est venu aux « profiteurs de la crise [sanitaire] ». Il a ainsi déclaré : « Le deuxième profiteur de la crise ce sont les assureurs parce que grâce au confinement il y a moins d’accidents de voitures […] et on peut chiffrer la baisse d’accidents de voiture à 1,5 milliards d’euros d’économie qui ont été effectuées ».

L’EXPLICATION

Pour communiquer ce chiffre, François Ruffin s’appuie sur le groupe de travail des entreprises de la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, dont il fait partie. Bien que le rapport d’information de ce groupe de travail ne mentionne pas les économies faites par les assureurs, il est possible de retrouver ces chiffres.

En avril 2020, l’UFC Que Choisir a publié une étude intitulée « Assurances auto/moto et Covid-19 : 2,2 milliards d’euros à rétrocéder aux assurés ! ». L’étude établit d’abord le budget moyen des Français en assurance automobile ou moto pour un an : en 2018, selon les derniers chiffres disponibles sur la Fédération Française des Assurances, le budget moyen, hors taxes, s’élève à 398 euros par véhicule, pour un total de 18,5 milliards d’euros.

Sur ces 18, 5 milliards d’euros HT, 80 % « sont affectés à l’indemnisation des sinistres ». Dans le détail, l’association précise que 68 % sont consacrés directement à l’indemnisation des sinistres, 8,3 % sont consacrés aux frais de gestion des sinistres et 3,2 % sont consacrés aux provisions (l’ensemble des engagements de l’assureur envers les assurés).

Chiffres clés de l'assurance auto/moto en 2018

Pour l’UFC Que Choisir, sur les 80 % des fonds affectés à l’indemnisation des sinistres, « 85 % sont en lien avec l’usage par les consommateurs d’un véhicule roulant subissant un accident ». Elle estime donc que « les assureurs ont décaissé 10,7 milliards d’euros pour indemniser les sinistres en lien avec un véhicule roulant en 2018 ». À partir de ces estimations, l’association a calculé les économies réalisées par les assurances du fait de la baisse des accidents de voiture pendant le confinement.

Pour réaliser ces estimations, l’organisme part de deux hypothèses :

– l’existence d’un lien entre les accidents corporels répertoriés par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) et l’indemnisation des sinistres des véhicules roulants ;

– Chaque sinistre entraîne une indemnisation identique.

Ainsi, les chiffres de l’ONISR montrent une baisse des accidents de voiture de 44 % en mars 2020. Néanmoins, l’UFC Que Choisir, estime que cela ne prend pas en compte la réalité de la baisse des accidents liés au confinement, puisque celui-ci est entré en vigueur le 17 mars 2020. Elle estime donc que seulement 182 accidents ont eu lieu du 17 au 31 mars 2020, soit une baisse de 91 %. Trois scénarios sont alors envisagés pour calculer les économies des assureurs sur l’ensemble de la période de confinement, jusqu’au 11 mai, donc :

Les scénarios de reprise du trafic après le premier confinement

Ainsi, selon l’UFC Que Choisir, la crise sanitaire et le premier confinement de mars à mai 2020 auraient permis aux assureurs d’économiser entre 1,4 milliards d’euros et 2,3 milliards d’euros, en fonction des scénarios envisagés.

Les propos de François Ruffin sont donc vrais.

Cassandre Riverain