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Élections européennes

L’ombre grandissante de l’extrême droite

Le Parlement européen s’apprête à être renouvelé en juin 2024. Le nombre de sièges augmentera et la France passera ainsi de 79 à 81. Photo : EPJT

À l’approche des élections européennes, le 9 juin prochain, les listes d’extrême droite font campagne et galvanisent les foules. Avec la montée du populisme en Europe, elles espèrent gagner plus de sièges qu’en 2019.

 

Par Saskia Juigner Doubinsky et Clara Lebarbey
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u 6 au 9 juin 2024, les Européens sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement européen. Celui-ci est renouvelé tous les cinq ans, il est composé de 705 sièges depuis le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. Mais les eurodéputés seront 720 après le scrutin de juin. 

Le nombre de députés par pays est calculé avant chaque élection en fonction du nombre de leurs habitants. Cette année, l’Allemagne aura 96 sièges, la France 81 et des pays moins peuplés, comme le Luxembourg, Chypre et Malte, auront 6 sièges chacun.

En France, le vote se fait au suffrage universel direct à un tour et selon un scrutin proportionnel plurinominal. C’est-à-dire que les électeurs votent pour la liste unique de 81 candidats de leur choix. Le scrutin proportionnel est le plus démocratique : il permet à toutes les tendances politiques d’être élues à condition d’avoir obtenu plus de 5 % des voix. À l’issue des élections, les sièges sont répartis proportionnellement au nombre de voix obtenues par chaque liste. C’est le principe de la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne.

Depuis plusieurs mois, des sondages prédisent l’extrême droite en tête. Le dernier sondage en date, réalisé entre le 1er et le 6 mars 2024 par Ipsos, le Cevipof, La Fondation Jean-Jaurès, l’Institut Montaigne et Le Monde, annonce la liste de Jordan Bardella pour le Rassemblement national (RN) en tête avec 31 % des suffrages. Un autre sondage réalisé par Elabe pour BFMTV et La Tribune du dimanche début mars indique un score de 29,5 % pour le RN.

Dans ces deux sondages, à trois mois du scrutin, la liste d’extrême droite du RN apparaît loin devant celle de la majorité présidentielle estimée à 17/18 % des voix. La liste de Reconquête, menée par Marion Maréchal, apparaît loin, derrière celle du RN avec une estimation entre 4,5 et 5 % des voix.

La montée du populisme en Europe

Le think tank indépendant European Council on Foreign Relations a dévoilé en janvier 2024 un rapport pour les élections de juin. Il annonce la montée des partis anti-UE au parlement et une augmentation du nombre de députés des groupes Identité et démocratie (ID) affilié au RN et Conservateurs et réformistes européens (CRE) auquel Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, est rattaché.

Ainsi, selon les pronostics du groupe de réflexion, ID et CRE pourraient devenir les troisième et quatrième groupes du parlement, alors qu’ils occupent actuellement les cinquième et sixième positions. L’élection de juin 2024 serait alors le miroir de la montée du populisme en Europe.

D’après l’article 3 de la Constitution française, « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Sous la Ve République, le peuple et la démocratie sont donc intimement liés.

Depuis plusieurs années, le terme de peuple émerge dans les discours et la politique de ceux qu’on appelle les populistes. Généralement aux extrêmes de l’échiquier politique, ils agissent « au nom du peuple » qu’ils opposent à une autre partie de la population. Les populistes opposent aussi le peuple aux institutions politiques élues (tant qu’ils ne sont pas au pouvoir).

Schématiquement, à l’extrême gauche, l’opposition se fait entre les classes populaires et les élites capitalistes. L’extrême droite quant à elle, développe une vision identitaire du populisme et appelle à rejeter tout ce qui va à l’encontre du peuple. C’est ainsi qu’ils diabolisent souvent l’immigration et les étrangers.

Réalisé par Clara Lebarbey/EPJT.

À l’approche des élections européennes, l’extrême droite populiste monte dans les sondages dans la plupart des pays. Si les sondages étaient confirmés dans les urnes, cette montée de l’extrême droite au Parlement européen compromettrait de nombreux projets en cours. Majoritaire, elle pourrait s’opposer aux actions futures ou déjà existantes de lutte contre le changement climatique. Les réformes sociales et les politiques étrangères seraient aussi compromises. Notamment en ce qui concerne le soutien de l’UE à l’Ukraine.

Selon un rapport du groupe de réflexion European Council on Foreign Relations, les élections de juin 2024 pourraient même influencer le débat national des États membres de l’UE et changer les positions politiques de certains pays.

 

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