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Image par Ethan Parsa de Pixabay

 

En septembre 2019, l’Inde et les États-Unis ont été les derniers pays à vouloir réguler l’usage de la cigarette électronique. Celle-ci est déjà interdite sous toutes ses formes dans une trentaine d’États dans le monde (source : Institute for Global Tobacco Control). Le 27 juillet 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de son côté recommande d’encadrer l’e-cigarette et d’interdire le vapotage dans les espaces clos. A l’occasion du mois sans tabac, point sur cette cigarette électronique que de nombreux médecins préconisent pour arrêter le tabac.

La cigarette électronique, ou e-cigarette, est un dispositif qui permet de simuler l’acte de fumer en vapotant. Selon l’Agence France Presse (AFP), le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à haute température d’un liquide à l’intérieur de la cigarette électronique.
L’e-cigarette est constituée de trois éléments principaux : un atomiseur (la résistance chauffante), une cartouche avec ou sans bourre (aussi appelée réservoir) qui contient du « e-liquide », et une source d’énergie électrique (souvent une batterie rechargeable). Le liquide peut être aromatisée et contenir, ou pas, de la nicotine à différentes doses.


Crédit : VapOclOpe.fr

L’e-cigarette permet de maîtriser le dosage en nicotine, et par là de limiter sa dépendance. Pour beaucoup, elle est une transition idéale pour pouvoir arrêter définitivement de fumer.

Le concept de cigarette électronique apparaît pour la première fois dans un brevet déposé par Herbert A. Gilbert en 1963. Mais aucun prototype n’aboutit à l’époque. Le dispositif fonctionnel de vaporisation alimenté par une batterie est inventé en 2001 par Stéphane Vlachos, étudiant en informatique.

En 2004, un prototype est commercialisé en Chine par le pharmacien Hon Lik, en collaboration avec la société Golden Dragon Holdings. Un an plus tard, il décide de déposer un brevet auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Les cigarettes électroniques sont, jusqu’en 2011, vendues uniquement sur Internet et dans quelques pharmacies. Mais dès 2012, apparaissent des magasins spécialisés en France et en Europe. Aujourd’hui, s’ils ne sont pas aussi nombreux que les bars tabacs, on en trouve réellement partout. Une grande partie des cigarettes électroniques achetées actuellement dans le monde sont produites en Asie, en particulier en Chine.

Interdictions en chaîne

Le 18 septembre 2019, l’Inde, deuxième plus gros consommateur de tabac au monde, interdit la production, l’import, l’export, le transport, le stockage et la vente de cigarettes électroniques. L’ordonnance, prise par le Premier ministre Narendra Modi, n’évoque pas l’utilisation même des e-cigarettes. Pour la ministre des Finances, Nirmala Sitharaman, « la décision a été prise avec, à l’esprit, l’impact que les cigarettes électroniques ont sur la jeunesse aujourd’hui ».

Un souci de la santé donc, mais également un souci économique. Selon l’OMS, l’Inde est le troisième pays producteur de tabac au monde, derrière la Chine et le Brésil. Une industrie en souffrance que le gouvernement protégerait avec cette interdiction.

En cas de non-respect de la réglementation, les Indiens risquent un an de prison et une amende de 1 270 euros et jusqu’à trois ans et 6 300 euros en cas de récidive.

Le 17 septembre 2019, après l’annonce d’un septième décès lié aux cigarettes électroniques, l’État de New York interdit la commercialisation de leurs déclinaisons aromatisées.

Il est le deuxième à le faire après le Michigan. La ville de San Francisco a quant à elle interdit la vente des e-cigarettes sur son territoire pour “protéger sa jeunesse”. Ces décisions répondent à la crise sanitaire que traversent les États-Unis. En effet, 530 autres cas de personnes souffrant de problèmes pulmonaires liés au vapotage ont d’ores et déjà été recensés. Les symptômes (difficultés à respirer, toux, douleurs à la poitrine, nausées) touchent de façon subite des jeunes souvent sans antécédents médicaux. Plus de la moitié des malades ont moins de 25 ans.

Les causes de ces complications médicales ne sont pas encore confirmées. Certains spécialistes notent cependant des similitudes entre les victimes, comme l’inhalation de produits à base de THC (une des molécules contenues dans le cannabis aux effets psychotropes) au lieu du liquide conforme, ou encore la présence de l’huile de vitamine E (néfaste à haute température).

Des mesures pour protéger la jeunesse

En juin 2019, un rapport de la FDA (agence américaine de l’alimentation et des médicaments) a montré que de plus en plus de jeunes vapotent aux États-Unis (12 % en 2017, 21 % en 2018). Selon le département de la Santé de l’État de New York, environ 40 % des élèves de terminale utilisent une e-cigarette. La vente est pourtant interdite aux mineurs aux États-Unis (de 18 à 21 selon les États).

Pour lutter contre cet effet de mode, le président Donald Trump veut généraliser la réglementation de ces produits au niveau national : « Nous prenons une mesure de santé publique et contribuons à empêcher un nombre incalculable de jeunes gens de contracter une accoutumance à vie, coûteuse, mauvaise pour la santé et potentiellement mortelle. »

Les fabricants légaux de la cigarette électronique sont pointés du doigt. Ils sont notamment accusés de l’avoir promue auprès des jeunes en la présentant comme une solution saine pour arrêter de fumer.

Comment réagit la France ?

La Direction générale de la santé (DGS) française n’a pas fait écho de cas similaires à ceux des États-Unis. Le 19 septembre dernier la DGS et Santé publique France (SPF) ont annoncé qu’elles mettaient en place un signalement des cas de pneumopathies survenus chez certains vapoteurs. Les personnes particulièrement surveillées sont celles ayant pratiqué le « dabbing », une technique qui consiste à inhaler au moyen d’une pipe à eau la vapeur issue d’une forme concentrée de cannabis. Les liquides de vapotage sont strictement contrôlés en France. Chaque nouveau produit fait l’objet de déclaration auprès de l’Agence de sécurité sanitaire (ANS).

Le 26 juin 2019, un rapport publié par SPF montre que la e-cigarette a une mauvaise image pour la moitié de la population française. Plus des trois quarts des 18-75 ans sont opposés à la vente de cigarettes électroniques aux mineurs. La France a d’ailleurs été le premier pays à l’interdire au moins de 18 ans en 2012.

La cigarette électronique présente-t-elle un risque ?

Bertrand Dautzenberg, professeur de pneumologie et président de Paris sans tabac rappelle au journal La Croix que « vapoter reste infiniment moins dangereux que fumer ». Il souligne que 500 000 personnes sont mortes du tabac en France depuis 2012, mais ne recense aucun décès lié à la cigarette électronique. Selon SPF, 700 000 fumeurs quotidiens ont arrêté de fumer du tabac avec la e-cigarette entre 2010 et 2017, et plus de 80% des « vapofumeurs » ont réduit leur consommation.

Toutefois, un rapport de l’Académie américaine des sciences publié en 2018 conclut que de « nombreuses substances potentiellement toxiques » peuvent émaner des cigarettes électroniques, notamment des métaux qui viennent de la bobine utilisée pour chauffer le liquide.

Si les liquides vapotés ne contiennent pas les substances néfastes des cigarettes classiques (goudron, monoxyde de carbone), le manque de recul sur le sujet ne permet pas d’affirmer ou d’infirmer que son usage est néfaste pour la santé de ses utilisateurs.

Caroline Frühauf et Noémie Furling 

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