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En septembre 2013, les Allemands sont appelés aux urnes pour élire leurs députés au Bundestag. En même temps, ils permettront de choisir le prochain chancelier ou la prochaine chancelière. Comment devient-on député en Allemagne ? Comment accède-t-on à la plus haute fonction de l’exécutif ? Et qui sont les candidats en lice ? Voici quelques clés pour comprendre cette échéance électorale cruciale pour nos voisins allemands.

Fiche réalisée par Charline Vasseur (@CharlineVasseur)

 

  1. Le Bundestag
  2. Deux voix pour un grand choix
  3. La clause de 5% et les mandats directs
  4. Pour devenir chancelier ou chancelière
  5. Les principaux candidats à la chancellerie…
  6. …et ceux qui pourraient faire pencher la balance
  7. Mais qui est le président de l'Allemagne ?

 

Le Bundestag

(Le Bundestag, à Berlin (Wolfgang Staudt / Foter / CC BY-NC)

Le Bundestag, la chambre basse allemande, siège à Berlin au palais du Reichstag. Ses principales missions : voter les lois et le budget fédéral, contrôler le travail du gouvernement et élire le chancelier fédéral.

Instituée le 23 mai 1949, la Loi fondamentale allemande (Grundgesetz) stipule que les députés sont élus "au suffrage universel, direct, libre, égal et secret“. Pour voter, il faut être majeur (18 ans en Allemagne), posséder la nationalité allemande depuis au moins un an et ne pas avoir été privé de son droit de vote. Ces mêmes conditions s’appliquent pour pouvoir être candidat à la députation.

 

Deux voix pour un grand choix

Bulletin de vote lors des élections allemandes (lkaestner / Foter.com / CC BY)

Les 62 millions d’électeurs allemands se rendent aux urnes pour apposer deux croix sur leur bulletin de vote. Avec leur première voix (Erststimme), ils choisissent un nom, c’est-à-dire le candidat en circonscription qu’ils voudraient voir représenter leur région au Bundestag. C’est ce que l’on appelle le mandat direct (Direktmandat). Avec leur deuxième voix (Zweitstimme), les électeurs déterminent le rapport de force entre les partis au Bundestag. Ils votent pour une liste affiliée à un parti.

Au minimum, 598 députés sont élus. Au minimum, car le système à deux voix permet à certains députés élus par mandat direct, mais dont la liste n’a pas été retenue par les deuxièmes voix, d’entrer malgré tout au Bundestag. Ces mandats excédentaires (Überhangmandate) font donc varier le nombre de députés au Bundestag d’une année à l’autre. En 2009, 622 députés ont été élus.

En Allemagne, selon la Constitution, l’élection des députés a lieu au suffrage universel, libre et égal mais aussi et surtout au suffrage secret et direct. Les électeurs doivent donc voter en personne. En cas d'absence le jour du scrutin, c'est logiquement le vote par correspondance (Briefwahl) qui s'applique. Cette méthode a été utilisée en Allemagne pour la première fois lors des élections législatives de 1957.

 

La clause des 5% et les mandats directs

La clause des 5% (Fünf-Prozent-Hürde) impose à tous les partis de récolter au minimum 5% des suffrages pour entrer au Parlement. Si un parti ne passe pas cette barre, il peut tout de même siéger au Bundestag s’il obtient au moins 3 mandats directs. Ces règles électorales fondamentales sont un héritage du passé national-socialiste afin d’éviter l’émiettement des partis au sein du Parlement. 

 

Pour devenir chancelier ou chancelière

L’Allemagne est un pays de tradition et de pratique politique fédéraliste. Les 16 Etats-régions qui composent la République fédérale gèrent indépendamment la politique régionale et les affaires en matière de culture et d’éducation. Face à ces entités, on trouve l’État fédéral. Il est actuellement incarné par la chancelière (BundeskanzlerIn) Angela Merkel, élue pour un mandat de quatre ans, renouvelable. Selon la Loi fondamentale, elle "fixe les grandes orientations de la politique et en assume la responsabilité".

Les conditions pour devenir chancelier : avoir la majorité, détenir le droit de vote et être de nationalité allemande depuis au moins un an. L’élection se fait au suffrage universel indirect. Les Allemands élisent donc d’abord les députés au Bundestag, lesquels désignent ensuite le chancelier ou la chancelière.

 

Les principaux candidats à la chancellerie…

Voici les cinq partis qui siègent actuellement au Bundestag et qui, à l'exception de Die Linke (Parti de gauche), ont déjà désigné leur chef de file pour les élections de septembre 2013.

Angela Merkel (cgommel / Foter / CC BY-NC-SA)

  • Angela Merkel (CDU/CSU) : réélue à 97,9% à la tête du parti chrétien-démocrate (CDU) lors d'un Congrès début décembre 2012, Angela Merkel est devenue automatiquement la chef de file du parti pour les élections de septembre prochain. Celle à qui l’on reproche un manque d’initiative et un pragmatisme à outrance est parvenu à tenir le cap de la première économie européenne, malgré la crise financière et de l’euro. Le parti de la chancelière caracole en tête des intentions de vote avec 41%.

 

Peer Steinbrück (Daniel Biskup)

  • Peer Steinbrück (SPD) : les sociaux-démocrates ont choisi Peer Steinbrück pour affronter Angela Merkel. Il connaît déjà plutôt bien son adversaire puisqu'il a été son ministre des Finances au sein d'une coalition CDU-SPD entre 2005 et 2009. Peer Steinbrück est connu publiquement pour son franc-parler. Ce qui ne lui réussit pas toujours pour sa campagne… Ses multiples déclarations maladroites ont fait plonger sa cote de popularité. Et il navigue depuis un moment en eaux troubles… notamment depuis la révélation par la presse de conférences grassement rémunérées et sur lesquelles il est resté très discret. Si les élections se tenaient aujourd’hui, le SPD n’obtiendrait que 26% des suffrages (ZDF-Politbarometer, 12/07/13).

 

Rainer Brüderle (FDP)

  • Rainer Brüderle (FDP) : le candidat des libéraux est actuellement le président du groupe FDP au Bundestag. Le 21 janvier 2013, Rainer Brüderle a été désigné chef de file du parti libéral pour les législatives de septembre. Mais sa campagne a commencé difficilement… Dans un article paru dans l'hebdomadaire Stern, quelques jours après sa nomination, une journaliste affirme que Rainer Brüderle aurait eu un comportement déplacé à son égard. Selon le ZDF-Politbarometer, le FDP est actuellement à plus de 5% d’intentions de vote… Une bonne nouvelle quand on sait que le parti de la coalition gouvernementale – tout de même – flirtait depuis plusieurs mois avec la barre fatidique des 5%. 

 

Jörg Trittin et Katrin Göring-Eckardt (BÜNDNIS 90 / DIE GRÜNEN Sachsen-Anhalt / Foter / CC BY-NC-ND)

  • Jörg Trittin / Katrin Göring-Eckardt (Die Grünen/Bündnis 90) : Le parti écologiste allemand a cette particularité d’être dirigé en duo par une femme et un homme. Jörg Trittin, actuel chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, et Katrin Göring-Eckardt, vice-présidente du Bundestag, ont été désignés candidats à la chancellerie, en automne 2012. A l'instar du PS français, cette désignation est le fruit d'une élection primaire, une première pour un parti politique allemand. Les Verts sont actuellement à 13% d’intentions de vote (ZDF-Politbarometer).

 

Sahra Wagenknecht, l’une des huit candidats collectifs de Die Linke à la chancellerie (Die Linke)

  • Le Parti de Gauche (Die Linke) : fidèle à son idéologie, le Parti de Gauche a désigné une équipe de huit personnes pour mener la campagne pour la chancellerie : Gregor Gysi, chef du groupe au Bundestag ; Sahra Wagenknecht, sa suppléante ; Dietmar Bartsch ; l’ex-chef du parti Klaus Ernst ainsi que les actuels chefs Katja Kipping et Bernd Riexinger. A noter que Oskar Lafontaine, emblématique fondateur de la gauche radicale en 2007, ne souhaitait pas se présenter. Selon un sondage ZDF-Politbarometer, 7% des sondés affirment qu’ils voteraient pour Die Linke. 

 

… et ceux qui pourraient faire pencher la balance

  • Die Piratenpartei (le Parti des Pirates) : ce tout jeune mouvement politique fondé en 2006 en Allemagne – sur le modèle originel des Pirates suédois – rassemble les enfants de la génération Internet. Ses militants – souvent en jean baskets et sweat à capuche – ont réussi à se faire rapidement une place dans le paysage politique allemand à l’issue de plusieurs élections régionales. Ils prônent la démocratie  directe, la liberté d’information et de l’Internet, la diffusion universelle des savoirs, la libre-circulation et la transparence des données… Toutefois, le mouvement est critiqué pour ses positions ambiguës vis-à-vis de l’extrême droite et le rôle qu’il accorde aux femmes. Même si les Pirates sont crédités de moins de 3% d’intentions de vote outre-Rhin (sondage Infratest, 12/07/2013), leurs idées continuent à faire des adeptes.

 

  • Alternative für Deutschland (AfD, Alternative pour l’Allemagne) : officiellement lancé en avril 2013, l’AfD tente de s’imposer comme une force politique pour les prochaines élections. Ses fondateurs, Bernd Lucke, Frauke Petry et Konrad Adam, sont des anciens de la CDU. Le plus jeune parti de la campagne électorale est donc clairement conservateur et ancré à droite, surfant notamment sur la vague du sentiment anti-euro. L’AfD récuse également les plans de sauvetage européens et souhaite une "débureaucratisation de l’UE". Des orientations qui font recette sur fond de crise mais qui, à la veille des élections législatives, ne semblent pas suffire. Il s’agit en effet pour ces déçu(e)s de la CDU/CSU de s’affirmer comme une véritable alternative aux votes traditionnels. Les derniers sondages les créditent de 3% d’intentions de vote (sondage Infratest, 12/07/13)… A voir s’ils parviendront à atteindre les 5% d’ici septembre.

 

Mais qui est le président de l'Allemagne ?

Joachim Gauck (Presse- und Informationsamt der Bundesregierung)

Joachim Gauck est l’actuel président fédéral allemand (Bundespräsident). Ce pasteur originaire de l’ex-Allemagne de l’Est a été élu en mars 2012 par le Bundesrat, une Assemblée fédérale composée de députés du Bundestag et d'un nombre équivalent de représentants des 16 Länder.

Le président fédéral doit être âgé d’au moins 40 ans révolus et est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Sa résidence se trouve au Château de Bellevue, à Berlin. Ses fonctions sont principalement honorifiques. Parmi celles-ci, le président propose  le chancelier au Bundestag, au lendemain des élections. Il le nomme et peut le révoquer. Mais dans la pratique, le président suit le choix du parti majoritaire ou du premier parti de la coalition majoritaire.

Château de Bellevue, Berlin (Sven Festersen / Foter / CC BY-NC-SA)

Cette place réduite du président dans la vie politique allemande s’explique par l'expérience dramatique du national-socialisme. Lors de l’élaboration de la Loi fondamentale, il a été en effet décidé de limiter à l’extrême les pouvoirs présidentiels, de peur de voir resurgir une présidence toute puissante.

 

Fiche réalisée par Charline Vasseur (@CharlineVasseur)

 

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Sources :

 

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