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La Libye a officiellement déclaré sa « libération », dimanche 23 octobre, après la conquête de Syrte et la mort de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre. Une fin de révolution entachée par la découverte d’un charnier à Syrte, avec 53 corps de partisans kadhafistes, tués par les forces du Conseil national de transition (CNT), et par le lynchage dont a été victime l’ex-« Guide ». Il aurait été victime de sévices sexuels avant d’être tué d’une balle dans la tête. Sa famille envisage de porter plainte pour « crime de guerre ». L’ancien dirigeant libyen a été enterré mardi dans le désert, dans un endroit tenu secret afin d’éviter qu’il ne devienne un lieu de pèlerinage pour ses partisans. Son plus jeune fils, Saïf al-Islam, actuellement en fuite, tenterait de négocier une reddition à la Cour pénale internationale, qui le recherche pour « crimes contre l’humanité ».

De son côté, le CNT a annoncé lundi la formation d’une commission d’enquête sur les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi. Outre les conditions de la mort de l’ancien dictateur, le CNT a également dû faire face aux interrogations internationales, notamment quant aux droits des femmes, après avoir de nouveau annoncé qu’il fondera sa législation sur la charia, la loi islamique -une chose courante dans les pays arabes. Quoi qu’il en soit, la mission de l’Otan, lancée le 27 mars, devrait prendre fin dimanche 30 octobre.

Libérée de son dictateur depuis janvier, la Tunisie a organisé des élections libres pour la première fois de son histoire, dimanche 23 octobre. La participation a été très massive : au moins 90% des 4,1 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes. Durement réprimé pendant la dictature, le parti islamiste Ennahda (« Renaissance ») est arrivé largement en tête du scrutin ; il a obtenu au moins 90 des 217 sièges de la future assemblée (41,5%).

Cette victoire est interprété comme un vote ultraconservateur dans une population en manque de repères depuis la chute du régime de Ben Ali, en janvier. Rached Ghannouchi, cofondateur d’Ennahda, a aussitôt assuré que le parti ne « touchera pas » aux droits des femmes, en réponse aux nombreuses inquiétudes soulevées par la victoire des islamistes. De violents incidents ont éclaté dans plusieurs villes du pays, et notamment à Sidi Bouzid, à cause de l’invalidation des listes d’un riche homme d’affaires. Le ministère de l’Intérieur a décrété un couvre-feu vendredi.

La contestation est en revanche toujours très vive et violente au Yémen, où au moins 21 personnes ont été tuées dans la capitale, Sanaa, et à Taëz, la deuxième ville du pays, dans des affrontements entre les forces du régime du président Ali Abdallah Saleh et le mouvement de contestation, qui dure depuis le mois de mars. Un accord de cessez-le-feu avait pourtant été conclu mardi 25 octobre entre les deux parties. Mais le président Saleh aurait assuré à l’ambassadeur américain qu’il comptait se conformer à un plan qui prévoit son retrait du pouvoir, ce qui a aussitôt redonné de la vigueur à la contestation. En tête du mouvement, des centaines de femmes ont brûlé leurs voiles pour protester contre la répression.

La répression continue également en Syrie, où au moins 30 personnes ont été tuées, vendredi 28 octobre, par les forces du régime de Bachar al-Assad, qui ont une nouvelle fois ouvert le feu sur les manifestants à Homs et à Hama, deux villes dans l’ouest du pays. L’opposition syrienne a renouvelé son appel à une zone d’exclusion aérienne au-dessus du pays. Au même moment, une délégation de la Ligue arabe tentait d’assurer une médiation entre les deux parties. Lundi, les Etats-Unis ont rappelé leur ambassadeur à Damas « pour raisons de sécurité ».

Non loin de la Syrie, un violent séisme a secoué la province de Van, dans l’est de la Turquie, dimanche 23 octobre. Les secousses ont atteint une magnitude de 7,2, tuant au moins 570 personnes et en blessant 1 300 autres. Les survivants retrouvés dans les décombres, dont un bébé de deux semaines 47 heures après le séisme et un adolescent de 13 ans cinq jours après, n’ont pas caché la colère de la population, qui dénonce la lenteur des secours. Mercredi, Ankara a accepté l’aide d’équipes de sauveteurs étrangers.

L’Asie du Sud-Est est elle aussi touchée par une catastrophe naturelle massive, avec une mousson exceptionnelle et de très importantes inondations. En Thaïlande, où plus de 370 personnes ont été tuées, les crues menacent la capitale, Bangkok. Les pays voisins sont également touchés, comme la Birmanie où plus de 100 personnes sont mortes dans les inondations.

Des inondations aussi dans les régions de la Ligurie et de la Toscane, dans le centre et le nord de l’Italie, qui ont été touchées par de violents orages et des pluies torrentielles, mardi 25 octobre. Au moins 7 personnes ont péri et une dizaine d’autres sont portées disparues dans les inondations et les coulées de boue. Le Conseil des ministres a décrété vendredi l’état d’urgence dans les zones dévastées. (Voir la vidéo)

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, était toutefois à Bruxelles, mercredi 25 octobre, avec les autres chefs d’Etats et de gouvernements des pays de la zone euro, réunis en sommet afin de trouver une solution à la crise de la dette qui secoue l’Europe et notamment la Grèce. Après une nuit de négociations, les dirigeants européens avec les banques ont trouvé un accord, fondé sur trois principaux leviers :

  • la dette grecque va être annulée à hauteur de 50%, ce qui correspond à une diminution de 100 milliards d’euros. La dette devrait ainsi passer de 160% du produit intérieur brut (PIB) à 120% d’ici à 2020, et donner une bouffée d’air frais à la Grèce, qui va malgré tout devoir faire face à de nouvelles cures d’austérité dans les années à venir.

  • les banques, qui ont accepté une perte massive avec l’annulation de la moitié de la dette grecque, pourront, à titre volontaire, se recapitaliser grâce au Fonds européen de stabilité financière (FESF), à hauteur de 30 milliards d’euros.

  • le FESF, qui n’est aujourd’hui doté « que » de 440 milliards d’euros, va être approvisionné à hauteur de 1 000 milliards d’euros. A cette fin, des fonds spéciaux vont être créés à destination des investisseurs étrangers, dont la Chine, qui renforce ainsi son influence dans le système financier mondial.

Cet accord a été bien accueilli par les marchés financiers, qui attendaient un signe fort de la part des Européens. Les grandes places boursières européennes ont connu une forte augmentation jeudi (+6,28% pour le CAC 40).

Au lendemain de l’accord arraché entre la zone euro et les banques, Nicolas Sarkozy est intervenu à la télévision, jeudi 27 octobre. Le président de la République a annoncé que l’Etat allait devoir réaliser 6 à 8 milliards d’économies supplémentaires dans les mois à venir, mais n’a pas précisé de quelle manière. Il a toutefois ouvert la porte à un troisième taux de TVA, entre celui « normal » de 19,6% et celui « réduit » de 5,5%. Constatant les prévisions initiales trop optimistes du gouvernement, le chef de l’Etat a annoncé que le budget 2012 sera établi sur une hypothèse de croissance de 1%. Quant à sa probable candidature à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il se prononcera « fin janvier-début février ». (Voir la vidéo)

Après l’espionnage d’un de ses journalistes après des révélations dans l’affaire Bettencourt, le quotidien Le Monde a révélé samedi 22 octobre que le procureur de Marseille, Jacques Dallest, a réclamé et obtenu les factures téléphoniques détaillées (« fadettes« ) de deux autres reporters. Ces derniers avaient publié des extraits de procès-verbaux de garde à vue dans plusieurs affaires du grand banditisme corse, en mai 2009 et en janvier 2010. Jacques Dallest a expliqué avoir « fait appliquer la loi » en voulant connaître leurs sources, considérant que ces articles violaient le « secret de l’instruction » et le « secret de l’enquête ».

Dans l’affaire de l’espionnage du journaliste du Monde après les révélations de l’affaire Bettencourt, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard, a été entendu comme témoin par la juge Sylvia Zimmermann, vendredi 28 octobre. Au contraire de Bernard Squarcini, le patron des renseignements intérieurs, il n’a pas été mis en examen.

Heureusement pour la police, car une mise en examen du chef des policiers auraient peut-être définitivement terni l’image dès peu flatteuse de l’institution. Après la mise en examen de Michel Neyret, numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, c’est l’affaire de l’hôtel Carlton de Lille qui fait des ravages. Plusieurs policiers, dont des gradés comme le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, ont déjà été mis en examen dans cette vaste affaire de proxénétisme.

Jeudi 27 octobre, c’est Jean-Claude Menault, le directeur départemental de la sécurité publique du Nord (chef de la police du département), suspecté « d’abus de biens sociaux », qui a été placé en garde à vue par les enquêteurs de l’Inspection générale des services (IGS, « police des polices »). Dès le lendemain, il a été muté d’office à Paris, à la direction centrale de la sécurité publique.

Du côté des sports, la Nouvelle-Zélande a été sacrée championne du monde de rugby, dimanche 23 octobre, après sa victoire difficile contre le XV de France à Auckland (8-7). Les All Blacks ont ainsi décroché chez eux leur deuxième couronne mondiale après celle obtenue en 1987, déjà à domicile, contre… les Français. (Voir le résumé en vidéo)

Consolation pour les Bleus : leur capitaine, Thierry Dusautoir, a été élu meilleur joueur de l’année par l’International Rugby Board (IRB, la fédération internationale du sport).

 


EN BREF

 

En France…

  • Deux semaines après sa défaite lors du premier tour de la primaire socialiste, Ségolène Royal a annoncé lundi 24 octobre qu’elle se présentera aux élections législatives en juin 2012. La présidente de la région Poitou-Charentes n’a pas précisé dans quelle circonscription elle sera candidate, hormis que ce sera « dans [sa] région ». Elle a ensuite confié que François Hollande lui avait « ouvert la perspective » de devenir présidente de l’Assemblée nationale en cas de victoire.

  • Le chansonnier et humoriste français Jean Amadou est mort, dimanche 23 octobre, à l’âge de 82 ans. Il s’était fait connaître par la radio, en animant « L’Oreille en coin » sur France Inter dans les années 70, puis avec son duo avec Maryse Gildas sur Europe 1. Il avait ensuite notamment collaboré à l’écriture des textes du « Bébête show » et avait participé à l’émission « Tournez Manège », dans les années 80.

  • L’ancien président de la région Ile-de-France Michel Giraud est décédé, dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 octobre, à l’âge de 82 ans. Il avait été à la tête de la région francilienne -un mot qu’il avait inventé en 1983- entre 1976 et 1998, avant d’être condamné à quatre ans de prison avec sursis en 2005 dans l’affaire des marchés publics d’Ile-de-France. Michel Giraud avait également été ministre du Travail d’Edouard Balladur, entre 1993 et 1995.

 


Dans le monde…

  • Adil al-Atmani, le principal accusé de l’attentat de Marrakech, au Maroc, qui a tué 17 personnes (dont 8 Français) le 28 avril, a été condamné à mort par le tribunal de Salé, près de Rabat, vendredi 28 octobre. Un autre accusé, Hakim Dah, a été condamné à la prison à perpétuité tandis que sept autres complices ont été condamnés à des peines de trois et quatre ans de prison. Adil al-Atmani, qui clame son innocence, devrait faire appel de ce verdict.

  • Au moins 10 personnes ont été tuées et 25 autres blessées en Afghanistan, dans l’explosion d’un camion-citerne après qu’il a été touché par une bombe artisanale, dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 octobre. L’attentat n’a pas encore été revendiqué mais les attaques des talibans contre les convois de ravitaillement des forces de l’Otan sont fréquentes.

 


 

Dans les sports…

  • Le pilote de moto italien Marco Simoncelli est mort, dimanche 23 octobre, dans un accident survenu lors du Grand Prix de Malaisie, qui a aussitôt été annulé. Âgé de 24 ans, Marco Simoncelli avait sacré champion du monde de sa discipline en 2008. (Voir la vidéo)

 

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